Patrimoine suisse saisit le Tribunal fédéral pour préserver la Villa Haute-Rampe à Lausanne


1 mars 2025

Communiqué de presse

Patrimoine suisse saisit le Tribunal fédéral pour préserver la Villa Haute-Rampe, l’une des dernières traces du XIXe siècle sur la colline de Riant-Mont à Lausanne. Ce site sensible offre un cadre urbain et paysager harmonieux à l’église méthodiste ainsi qu’à la basilique Notre-Dame du Valentin, deux sites d’importance nationale.

La section vaudoise de Patrimoine suisse a saisi le Tribunal fédéral pour empêcher la destruction de la Villa Haute-Rampe. Située au cœur de la ville, sous la Cité, à proximité du Palais de Rumine, de la basilique Notre-Dame du Valentin et de l’église méthodiste, cette villa est implantée dans un secteur historique majeur comprenant plusieurs bâtiments recensés par le canton. La Villa Haute-Rampe, édifiée en 1867 pour le fils du premier syndic de Lausanne, Samuel Hollard, dans un site sensible de Lausanne, mérite une réévaluation approfondie de sa valeur patrimoniale, notamment en raison de l’identification récente de son architecte, Jules Verrey, et de sa proximité avec deux sites d’importance nationale (ISOS).

Un ensemble architectural protégé et exceptionnel

Construite en 1867, la Villa Haute-Rampe est actuellement recensée en note 4 au recensement architectural cantonal, en raison de ses éléments anciens remarquablement conservés : décors en mollasse, véranda en bois à pilastres, loggia à colonnade, ainsi que plusieurs éléments intérieurs, dont une cheminée en marbre rose et des armoires. Elle mérite à l’évidence une note supérieure.

La parcelle de la villa jouxte celle de l’église méthodiste, du campanile et du bâtiment résidentiel, tous trois dessinés par le même architecte, Jules Verrey et construits en même temps que la villa. Ces édifices, inscrits en note 2 du recensement architectural, forment un ensemble de premier ordre. À quelques dizaines de mètres au sud, la basilique Notre-Dame du Valentin, classée monument historique (note 2), constitue une composante essentielle de ce secteur dont les abords sont également protégés. La Villa Haute-Rampe contribue à la mise en valeur de cet ensemble, en offrant un cadre urbain harmonieux à l’église méthodiste.

Une construction défigurant un site patrimonial d’importance nationale

En 2016, le Circolo italiano di Losanna a sollicité un permis de construire, avec dérogations, afin de démolir la Villa Haute-Rampe et d’ériger un immeuble mixte. Ce projet prévoit 18 logements de 3 et 4 pièces, des espaces administratifs, des commerces, un restaurant et une garderie. Il entraînerait la destruction des contreforts sur les parcelles voisines et menacerait plusieurs arbres significatifs.

L’immeuble projeté ne respecte absolument pas la topographie existante et modifie radicalement les abords immédiats de la chapelle du Valentin (note 2), puisqu’il excave le flanc de colline pour créer un terrain artificiellement horizontal. Cette importante opération est contraire aux principes usuels de remplacement de constructions en note 4, réputées bien intégrées, qui exigent une implantation et une architecture de qualités similaires ou supérieures.

Par sa volumétrie écrasante et son style en totale rupture avec l’église méthodiste (et ses bâtiments annexes) et la basilique du Valentin, toutes deux classées en note 2 avec leurs abords, cette construction compromettrait irrémédiablement ce cadre historique.

Une décision préoccupante pour la protection du patrimoine

Dans sa décision du 13 janvier 2025, la Cour de droit administratif et public (CDAP) a minimisé l’impact de ce projet sur l’Inventaire suisse des sites construits (ISOS), lequel n’a pas encore été intégré à la législation communale en vigueur. Cette dernière impose pourtant des exigences plus strictes en matière de protection du patrimoine bâti et paysager, ainsi qu’une pesée circonstanciée des intérêts en présence qui ne figure pas dans la décision municipale.

La demande de permis de construire implique l’abattage d’un faux-cyprès situé en proue du mur de soutènement surplombant la rue du Valentin. Cet arbre remarquable entretient un dialogue étroit avec le platane séculaire de l’église méthodiste et constitue un repère d’exception dans la ville et le quartier. Par son âge et ses dimensions, ce conifère doit être reconnu pour sa valeur dendrologique, biologique, paysagère, historique et culturelle. Par ailleurs, cet arbre accueille une avifaune d’importance, contribue efficacement à la lutte contre l’îlot de chaleur et doit, à ce titre, être protégé de tout abattage. La Ville de Lausanne s’est d’ailleurs engagée à préserver un maximum d’arbres afin de rafraîchir la ville, dans le cadre de son programme  « Objectif canopée ».

En outre, la CDAP n’a même pas interpellé l’autorité cantonale spécialisée DGIP-MS sur ces nouveaux éléments relatifs à la construction de la villa Haute-Rampe – découverte du nom de l’architecte ayant construit la même année l’église méthodiste et ses bâtiments annexes – ni même requis que soit versé au dossier le préavis de 2017 de la déléguée au patrimoine sur lequel se serait fondée la Municipalité pour admettre la démolition.

La Tour-de-Peilz, le 28 février 2025.

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Image: Marie-Lou Dumauthioz