Le Domaine d’Hauteville. Un livre pour marquer la renaissance d’un lieu d’exception


3 décembre 2023

En 2019, l’Université américaine Pepperdine a racheté le château d’Hauteville pour y aménager son campus romand, offrant au domaine un nouveau souffle, en continuité avec l’esprit des lieux. Inscrits comme bien culturel suisse d’importance nationale, le château et son domaine ont été classés Monument historique en 2019 par le Canton de Vaud, une démarche qui a permis au nouveau propriétaire de procéder à de vastes travaux de restauration. L’inauguration du campus en 2023 s’accompagne d’un livre collectif édité sous l’égide de Patrimoine suisse, section vaudoise.

Situé non loin de Vevey, le domaine d’Hauteville constitue un ensemble exceptionnel d’architecture nobiliaire du XVIIIe siècle en Suisse romande. En 1760, le domaine est vendu par Jacques-Philippe d’Herwarth à Pierre-Philippe Cannac, bourgeois de Vevey et de Genève. Ayant fait fortune comme directeur des coches de Lyon, Cannac va considérablement agrandir la demeure existante. Afin de posséder un édifice dans le goût le plus récent, il fait appel à un architecte et à un décorateur français : François Franque, qui fournit les plans, et Claude-Pierre Cochet, qui réalise le décor d’architecture feinte des façades. À la fin du XVIIIe siècle, le château passe aux mains des Grand, une famille de banquiers vaudois anoblis par le roi de France. De nombreux aménagements paysagers sont réalisés au cours du XIXe siècle avec notamment le temple de l’Amour, visible loin à la ronde. La propriété est restée aux mains de la famille Grand d’Hauteville jusqu’en 2019.

Architectes, artisans, historiens et spécialistes de toutes les disciplines patrimoniales et techniques se sont succédé sur le chantier qui a été mené par l’atelier glatz-delachaux entre 2020 et 2023. La fin des travaux coïncide avec la parution d’un imposant ouvrage collectif dirigé par les historiennes Béatrice Lovis et Isabelle Roland. Les connaissances sur ce témoin remarquable de l’architecture du XVIIIe siècle en Suisse sont renouvelées grâce aux contributions de 25 autrices et auteurs. Richement illustré, l’ouvrage vise aussi bien les professionnels qu’un public non spécialisé, mais intéressé par l’histoire et l’architecture romande.

La Tour-de-Peilz, le 4 décembre 2023.

Bref rappel des faits
Ce livre sur le domaine d’Hauteville permet à notre section de clore un chapitre douloureux sur une note positive, quoiqu’il soit impossible de combler l’immense perte patrimoniale provoquée par les ventes aux enchères, en 2014 et 2015, de l’ensemble du contenu du château. Si la loi cantonale sur le patrimoine mobilier et immatériel (LPMI) est entrée en vigueur en mai 2015, elle n’a malheureusement pas eu d’impact sur la seconde vente, car elle ne prévoit aucune mesure contraignante à l’égard des propriétaires privés ou communaux de bien culturels mobiliers. De plus, la LPMI ne prévoit aucun droit de préemption en faveur de l’Etat, obligeant ainsi les institutions publiques à miser aux côtés de privés ayant parfois des moyens financiers bien plus importants. La section vaudoise de Patrimoine suisse, qui avait obtenu en justice un report de la seconde vente pour permettre l’établissement d’un inventaire scientifique du contenu du château, a demandé en vain cet inventaire aux autorités cantonales, qui ne manifestaient alors aucun intérêt pour l’avenir d’Hauteville. Suite à cet événement, l’association a intégré dans ses statuts en 2019 la préservation du patrimoine mobilier, un bien culturel éminemment fragile.

Béatrice Lovis & Isabelle Roland (dir.), Le Domaine d’Hauteville. Du château au campus universitaire, La Tour-de-Peilz, Patrimoine suisse, section vaudoise ; Genève, Slatkine, 2023.

Consulter la préface et la table des matières
344 pages ; 350 illustrations couleur env. ; 20.5 x 25 cm, broché.
Le livre est disponible aussi en anglais pour les institutions publiques (The Hauteville Estate. From castle to university campus).

Prix : 60 francs
Commander le livre (Slatkine)
Il est aussi possible de l’acquérir au secrétariat de PSSV, pendant les heures d’ouverture.

Contact presse : Béatrice Lovis, vice-présidente de Patrimoine suisse, section vaudoise, et codirectrice du livre, beatrice.lovis@patrimoinesuisse-vd.ch